Tours Vauban

Les portes d'Eich et des Bons Malades et le mur Vauban
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Historique

L’origine des portes remonte au Moyen Age. Nous connaissons leurs datations et leurs nominations grâce aux registres de la ville. Ainsi, durant tout le XV e et XVI e siècles, la porte " d’Eich ", dont la première mention figure en 1447, prend différents patronymes. En 1766, elle s’intitule Eicherport et désigne le nom du village voisin en aval de l’Alzette. Quant à la porte des " Bons malades ", elle est mentionnée pour la première fois en 1338. Comme sa consoeur d’Eich, la porte des Bons Malades prend différents titres : Siecherludeporte (1444), Sicherporte (1472), Paffendaler Porten (1479), Sichenleuth Pfordt (1659), Porte des lépreux (1717), Porte des Bons Malades.

Le terme de "Lépreux " lui avait été attribué à cause d’une léproserie installée dans le faubourg puis celui de " Bons Malades " en raison du quartier insalubre qui la bordait et qui selon toute vraisemblance abritait une espèce de Cour des Miracles composée de fripiers, de rétameurs et de rémouleurs.

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En 1684/85, Vauban remplaça ces tours médiévales par deux puissantes portes massives à " l’épreuve des bombes " entre lesquelles il édifia un mur fortifié crénelé qui se termine en pont pour le franchissement de la rivière Alzette vers la porte des Bons Malades.

Ce mur, d’une hauteur d’environ trois mètres et percé de nombreuses meurtrières à fusil, constituait un chemin de ronde entre les deux tours. Sa base est aménagé de quatre piliers qui encadre trois arches sous lesquelles coule la rivière Alzette. Des herses étaient aménagées à l’intérieurs des arches que l’ont baissé la nuit à l’aide de treuil afin d’empêcher des intrusions extérieur ou des désertion de la garnison.

En 1737, le pont-levis à trébuchet est remplacé par un pont maçonné par les Autrichiens.

En 1743, les Autrichien construisent dans le fossé extérieurs de la porte d’Eich un ravelin. Cet ouvrage avancé casematé avait pour fonction de prendre en enfilade le fond du fossé devant les portes.

Descriptif des portes d’Eich et des Bons Malades

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La porte d’Eich constitue une redoute carrée terminée par une toiture pyramidale, au sommet de laquelle figurait jadis une fleur de lys, symbole de la royauté française.

La lourde toiture en ardoise est soutenue par une charpente en bois de chêne qui se développe sur trois travées. Cette toiture est consolidée par des aisseliers (renforts) rejetés vers l’extérieur ce qui permet de dégager des volumes pour l’exploiter éventuellement en tant que grenier. Les quatre faces extérieures forment une pyramide dont chaque coté est un triangle isocèle. Chaque cotés se composent d’arbalétriers latéraux (pièce de bois oblique portant les versants du toit) qui s’assemblent au trois entraits retroussés (poutre horizontale qui relie la base des versants du toit dont elle maintient l’écartement) et à la panne faîtière au sommet du toit. Au centre de cet espace, une imposante poutre verticale (poinçon) vient équilibrer la charpente jusqu’au plancher. Enfin, la travée de soutènement vient soulager la structure par des piliers (poinçon), dont les socles sont fichés dans les murs porteurs de la tour.

Le corps central extérieur du bâtiment est maçonné et recouvert en grande partie de pierres de taille. La porte d’entrée, surmontée d’un tympan triangulaire, est renforcée d’un appareillage en pierres de taille pour recevoir le pont-levis. Le décor architectural et l’encadrement de la porte présentent un aspect prestigieux. Pour Vauban, ces lieux de passage ou d’entrée jouaient un rôle symbolique. Ils reflétaient la magnificence du roi et la bonté de la place.

Dans sa fonction de gardienne de ville, la tour est renforcée. Afin de se prémunir des destructions de l’artillerie, les façades Est, Ouest et Nord qui sont le plus exposées, ont chacune une épaisseur de 6 pieds, soit 1, 70 m. d’épaisseur, alors que la façade intérieure sud n’a que 4 pieds d’épaisseur. De même, la voûte entre le rez-de-chaussée et l’étage supérieur peut résister à " l’épreuve de la bombe " au moyen de fascines et de fumier que l’on répandait à cet effet.

La défense de la tour repose sur une couronne de mâchicoulis de douze corbeaux par côté (pierres en saillie en forme de petites pyramides inversées pointant vers le bas) située sous la corniche en aplomb du corps de l’édifice. Il s’agit d’une série d’ouvertures horizontales placées en avant de la crête du mur qui favorisent le lâcher de projectiles au pied de la tour. On accède à ces ouvertures, placées dans le sol du troisième étage, par un escalier interne. En temps de paix, ces ouvertures de sol sont fermées d’une planche de bois. En cas de menace, les planches sont retirées pour pouvoir faire usage des machicoulis.

La défense de la tour repose également sur quatre meurtrières à fusil par étages et sur une frise de sept autres ouvertures sous la corniche du toit. Au rez-de-chaussée, deux meurtrières latérales sont dirigées en direction du fossé, deux autres en direction du pont et les deux dernières vers l’intérieure la ville. Ces ouvertures pratiquées dans la masse à la base des murs, sont étudiées pour le tir rasant.

A l’extérieur de la porte un pont-levis à trébuchet et un pont dormant en bois, tous deux aujourd’hui disparus, permettaient le franchissement du fossé. Lorsque le pont-levis était redressé en position verticale, le tablier (plate-forme qui constitue le plancher d’un pont) venait s’encastrer dans l’encadrement de la porte pour la fermer. Dans sa rotation à 90° degrés, son extrémité opposée basculait en arrière à l’intérieur d’une fosse aménagée sous la chaussé. Un escalier fermé d’une porte permet d’accéder à cette chambre souterraine. En 1737, l’ancien pont dormant constitué de poutres de bois a été remplacé par les Autrichiens par un pont maçonné.

L’intérieur de la tour est divisé en quatre niveaux. Le rez-de-chaussée, réservé uniquement à la circulation, ne possède aucun accès aux étages supérieurs. On entre dans la tour par les côtés latéraux du premier étage en empruntant le chemin de ronde du mur Vauban. Le premier étage était aménagé en corps de garde avec des lits de camp en bois et une cheminée pour le chauffage et la cuisson des aliments. L’ameublement comprenait une table, deux bancs, une lanterne, un chandelier avec une paire de mouchette et une paire de pincette. L’équipement comprenait en outre des petits ustensiles de cuisine, des chandelles et du bois. Au fond de cette pièce un escalier en colimaçon permet d’accéder au deuxième et troisième étage réservés aux fonctions de la défense. Les officiers de cette tour étaient logés à l’extérieur de la porte d’Eich dans un corps de garde indépendant.

Mesures de protection et mise en valeur

Pour les besoins de l’itinéraire culturel Vauban, une partie du site a été dégagée et restaurée. L’objectif consistait à comprendre d’une part le rôle défensif des ces constructions et d’autres part, leur significations dans la naissance du faubourg du Pfaffenthal au XVII e siècle. Par conséquent, l’une des premières interventions du SSMN a consisté à rétablir la présence du mur Vauban et de son fossé sans lesquelles, aucune interprétation historique ne pouvait être faite.

Depuis le démantèlement de 1869 l’intérieur du fossé était comblé d’un amas de terre et de pierres qui empêchait de comprendre son utilité. Aussi, en 1996/97 il a été recreusé devant les deux portes d’Eich et des Bons Malades jusqu’à son niveau d’origine jusqu’au fort Niedergrünewald. Il est restitué aujourd’hui dans son aspect historique.

Afin de donner un maximum d’expression au site, le ravelin de protection de la porte d’Eich a été dégagé en 1998 et ses ouvertures à fusil rétablies en 1999. Ce ravelin est aménagé pour l’accueil des visiteurs grâce à un aménagement en gazon et à l’installation de plusieurs panneaux pédagogiques. Cette étape permet de délocaliser la visite du circuit vers l’extérieur du front de l’Alzette ce qui accentue par la même occasion, la compréhension de l’enchaînement des éléments fortifiés.

Conformément à la charte de Venise et à la convention de Malte, la restauration du site par le SSMN porte la marque de notre temps. Toutes les interventions contemporaines autour de l’itinéraire Vauban sont marquées, comme le ravelin de la porte d’Eich, d’une nervure de démarcation en vue de différencier clairement les parties historiques de celles restaurées. Toujours dans le respect des chartes internationales, certains ouvrages, comme la partie supérieure du mur de la porte d’Eich, ont fait l’objet d’une restauration partielle. Cette mesure s’appuie sur l’article 9 de la charte de Venise qui stipule que : " la restauration s’arrête là où commence l’hypothèse "

Partant de ces principes, la politique de protection et de mise en valeur des vestiges de Luxembourg, réalisées selon une méthodologie déclinée en dix commandements, vise à établir un véritable dialogue entre patrimoine et les visiteurs. Ce dialogue consiste à suggérer plutôt que de montrer. Il stimule ainsi davantage l’évocation, le souvenir et l’interprétation du patrimoine dans un concept de voyage dans le temps et dans l’espace. Ce principe est par ailleurs renforcé de plusieurs spectacle audiovisuel et de niches musicales qui jalonnent l’ensemble du parcours.

La visite du site se poursuit par une promenade sur le chemin de ronde du mur Vauban laquelle se termine par un spectacle audiovisuel aménagé dans la tour des Bons Malades en 2003. Le thème du spectacle se rattache à la vie et aux métiers du Pfaffenthal à l’époque de Vauban.

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