Luxembourg, Chapelle du Christ-Roi

Chapelle du Christ-Roi
Chapelle du Christ-Roi
En juillet 1931, les Jésuites s'établissent à Luxembourg, rue Bel Air, aujourd'hui avenue Gaston-Diderich. Dans ce quartier en pleine expansion, situé à l'ouest de la capitale, ils prennent en main l'organisation du culte catholique.

Comme «Belair» ne dispose d'aucune église publique, les Jésuites envisagent de faire construire immédiatement une chapelle. Ils font appel à l'architecte Hubert Schumacher (1896-1961) pour en élaborer les plans. La pose de la première pierre a lieu le 6 octobre 1931 ; au mois de décembre, les fondations sont en place. Grâce à l'emploi systématique du béton armé, l'entrepreneur Giorgetti achève la construction en un temps record. Le 16 août 1932 est célébrée la dédicace du sanctuaire appelé Chapelle du Christ-Roi.

L'architecture de l'édifice se caractérise par le recours quasi exclusif à la ligne droite. La façade principale donnant sur la rue ne se distingue guère par ses dimensions de celles d'une maison privée. Un clocher, d'une hauteur très limitée, y est intégrée à l'angle nordest. Seule la croix qui le surmonte signale la fonction de l'édifice. Une série de fenêtres rectangulaires jumelées anime le flanc est. Les baies surmontant le portail se terminent par des arcs en plein cintre. Les toits sont plats et restent invisibles.

Chapelle du Christ-Roi
La nef
L'intérieur de la nef, unique, présente également un aspect très dépouillé. La partie centrale du plafond est surélevée et accentue la direction du choeur, où toutes les lignes convergent. Cette disposition permet un apport supplémentaire de lumière par des fenêtres hautes. La tribune délimite une zone d'accès où sont implantés deux confessionnaux bâtis en matériaux durs.

L'entrée du choeur, plus étroit que la nef, est marquée par une poutre transversale posée sous le plafond. Dans cette partie, la luminosité atteint son point culminant.

Ce qui frappe avant tout dans cet espace destiné à accueillir trois cents personnes, c'est sa grande unité et son dépouillement. L'idéal esthétique qui s'y déploie est celui du «Bauhaus», école fondée en Allemagne après la Première Guerre mondiale. Il est probable que les Jésuites de Luxembourg, rattachés à l'époque à une province allemande, ont proposé comme modèles pour leur chapelle des réalisations récentes considérées comme exemplaires.

Chapelle du Christ-Roi
les vitraux
Conformément aux exigences formulées dès la fin du XIXe siècle par des critiques d'art et des architectes, la chapelle du Christ-Roi renonce largement à l'ornementation pour souligner la beauté des lignes et des volumes, des pleins et des vides.

Au début, le mobilier était limité au strict minimum : autel, banc de communion, ambons, pas de statues. Peu après l'achèvement du sanctuaire, de nouveaux éléments sont venus s'ajouter. Le sculpteur Claus Cito (1882-1965) exécute deux reliefs en marbre blanc représentant saint Joseph et la Consolatrice des Affligés, patronne du Luxembourg, dont les Jésuites ont lancé la vénération au XVIIe siècle.

La construction de la chapelle du Christ-Roi marque la fin de l'historicisme dans le domaine de l'architecture religieuse au Grand-Duché. Il n'est pas étonnant que pour la plupart des pratiquants de l'époque, ce sanctuaire paraisse vide et froid. Seuls quelques contemporains plus éclairés savent en apprécier toute la beauté : «... ce petit chef-d'oeuvre de l'architecture moderne qu'un goût sûr et intelligent a réussi à mettre au service du culte» (Thyes L.).

Chapelle du Christ-Roi
plan de la chapelle
Au début des années quatre-vingt-dix, le sanctuaire montre des traces d'usure dues à des interventions peu heureuses et à un système de chauffage défectueux. Pour célébrer dignement le quatrième centenaire de l'installation des Jésuites à Luxembourg en 1594, la Compagnie se propose de faire restaurer la chapelle selon le plan initial. Elle réussit à s'assurer le concours de l'architecte Jean Petit.

Les travaux s'achèvent en 1994. Ils rendent à la chapelle sa splendeur originelle. Le mobilier liturgique est adapté aux nouvelles dispositions en vigueur en la matière. Au fond de l'abside resplendit une peinture non figurative de Kim en Joong. Par sa structure, elle rappelle la mandorle, forme qui exprime la plénitude et l'éternité. Comme l'évocation de l'infini dans l'art baroque, elle ouvre l'espace sur l'au-delà. Les vitraux, réalisés dans les années trente par l'atelier Linster de Mondorf, créent une lumière chaude et apaisante.

La chapelle du Christ-Roi constitue certainement l'un des plus beaux lieux de culte du Grand-Duché.

Dernière mise à jour