Feulen, Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste

Monument classé

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Feulen
l'église St Jean-Baptiste
Lorsqu'en 963 le comte Sigefroid acquiert des moines de Saint-Maximin de Trèves le fortin de Luxembourg, il leur offre en échange des terres situées à Feulen. Le monastère y possède déjà des biens considérables. En 1140, le pape Innocent II confirme aux Bénédictins leurs droits concernant l'église de Feulen. Ce sanctuaire constitue une église-mère très ancienne regroupant dans une seule paroisse de nombreux villages dispersés dans la région. Ces églises ont en général été fondées par des nobles francs sur de grands domaines romains. Afin de faciliter l'accès des fidèles, elles sont situées entre les localités concernées.

Le titre du sanctuaire, Saint-Jean-Baptiste, atteste également qu'il s'agit d'une fondation fort ancienne. De l'église du Moyen-Age il ne reste plus aujourd'hui que le clocher qui, au niveau des baies-ouïe géminées, présente un caractère roman. Conformément à la tradition, il est situé à l'ouest. Le petit édicule qui le précède du côté occidental remonte à 1730. Il devait sans doute protéger le portail des intempéries. A l'intérieur sont conservés quelques vestiges d'un enduit rouge vénitien qui a servi de modèle lors de la dernière mise en peinture.

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Feulen
La nef
La nef date de 1725 / 1726. Il s'agit d'une architecture très dépouillée, structurée uniquement par des chaînages d'angle, un socle, une corniche et un cordon sur lequel s'appuient les fenêtres à segment. Le grès rouge utilisé provient des environs immédiats.

En 1880, la nef a été agrandie par l'adjonction de deux travées et d'une nouvelle abside. Cette mesure a eu un effet négatif sur les proportions de l'édifice qui manque de hauteur et paraît trop longue.

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Feulen
Statue du Maître-autel
A l'intérieur, la nef est rythmée par des pilastres supportant une voûte sur croisées d'ogives à caractère post-gothique. La plupart des chapiteaux présentent des ornements baroques, ceux du choeur montrent saint Bernard, le Baptême du Christ, saint Eloi, la tête coupée du Baptiste. L'écusson de l'abbaye Saint-Maximin « un ours posé sur une aigle bicéphale » rappelle que les moines ont financé les travaux de construction de la nef. Les fidèles étaient responsables de la tour et du mur du cimetière, le curé avait la charge du choeur.

En 1733, Lothaire Frédéric de Nalbach, évêque-auxiliaire de Trèves pour le Duché, a conféré la dédicace au sanctuaire. Le maîtreautel est consacré aux saints Jean-Baptiste, Jean-Evangéliste et Eloi, les autels latéraux honorent la Vierge Marie et saint Bernard de Clairvaux.

La beauté de l'intérieur de ce sanctuaire provient sans doute de la qualité et de la richesse de son mobilier dû en majeure partie à Jean-Georges Scholtus (1754) de Bastogne.

Le retable central est clairement voué à la vénération du Baptiste. Sur l'antependium figure le baptême du Christ, la statue monumentale du titulaire occupe la niche centrale, sur le couronnement apparaissent les attributs qui lui sont propres: sa tête tranchée posée sur un plat, l'agneau de Dieu, la croix et le sabre, instrument de sa décapitation.

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Feulen
Un ange agenouillé
La partie inférieure du tabernacle sert à la conservation des hosties consacrées, l'étage supérieur constitue une niche d'exposition pour le saint sacrement, décorée de la crucifixion. Les nuages peuplés de têtes d'anges qui entourent le Christ renvoient au monde céleste et à la résurrection. Le crâne et les os au-dessus desquels se dresse la croix font allusion à l'endroit de la crucifixion (Golgotha - lieu du crâne) et au tombeau d'Adam. Les anges agenouillés de part et d'autre invitent les fidèles à l'adoration et à la prière. Les apôtres Pierre et Paul, fondateurs de l'Eglise de Rome, rappellent l'importance et l'autorité de la papauté. Au-dessus des portes qui mènent à la sacristie se tiennent les statues de saint Eloi et de saint Jean-Evangéliste.

Parmi les autres sculptures signalons encore saint Antoine l'Ermite et saint Bernard. Sur la cuve de la chaire de vérité les portraits des Pères de l'Eglise - saint Jérôme, saint Augustin, saint Ambroise et saint Grégoire-le-Grand - attestent que l'Eglise catholique interprète et proclame l'évangile l'église dans la fidélité à la tradition. Au-dessus de l'abat-voix un ange sonne de la trompette pour appeler les hommes au jugement dernier.

Les confessionnaux invitent à la pénitence. Sur leurs couronnements, ajoutés par le sculpteur Michel Weiler (1805), sainte Marie-Madeleine et saint Pierre sont proposés comme modèles de conversion.

Dans l'ensemble, le mobilier de l'église de Feulen est typique pour la Contre-Réforme et l'art baroque. Il se propose, conformément aux idéaux de l'époque, d'éduquer et d'émouvoir les croyants grâce à sa «splendeur persuasive». Cet idéal a été défini au XVIIe siècle par le cardinal Carlo Borromeo, archevêque de Milan, profondément engagé pour le renouveau catholique.

Les vitraux figuratifs du côté sud remontent au début du XXe' siècle et représentent des scènes de la vie de Jean-Baptiste.
Les derniers travaux de restauration de classée monument national depuis 1961, ont été achevés en 2001.

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