Parc d'Ansembourg

La restauration de la charmille

Note historique

La charmille d'Ansembourg est une allée constituée de deux rangées de charmes taillés en palissade sur une longueur de 200 mètres environ. Elle est établie le long de la rivière de l'Eisch au-dessus d'un mur de soutènement qui délimite le jardin sur le côté sud-est. Avec ses entrées et sorties du côté du jardin, la charmille sert de lien entre les deux axes principaux du jardin (l'axe du parterre central et du boulingrin; l'axe du grand escalier et du buffet d'eau).

La présente charmille, connue sous le nom « d'allée verde » (verte) au XVIIIe siècle, conserve encore de nombreuses plantes d'origine, d'une grosseur considérable. Les noeuds des troncs permettent de déceler trois niveaux successifs de taille: à l'origine, la charmille semble avoir été taillée en palissade (ouverte au ciel) à une hauteur d'environ 2,8 m (les noeuds épais ont un diamètre de 1,2 m).

Depuis le XIXe siècle, les charmes furent traités de manière plus libre, de sorte que les branches supérieures ont pu se rejoindre pour former une allée couverte en berceau libre (sans arcature de support).

L'entretien régulier et soigné de la charmille s'est poursuivi jusqu'aux années soixante du XXe siècle. L'abandon successif de la taille annuelle régulière a favorisé une dégradation rapide de la charmille dans les années quatre-vingts, période vers laquelle elle a été classée comme monument vivant et inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques du Grand-Duché de Luxembourg.

Etat de la charmille en 1993

Une partie des charmes à dépéri (environ 10%). Les charmes vivants sont fort dégarnis sur la partie inférieure et les troncs s'inclinent vers l'intérieur à cause du poids excessif des branches supérieures incontrôlées. Une végétation secondaire de sureaux et de noisetiers commence à envahir les rangées de charmes.

Mesures phytosanitaires entreprises en 1993/1994

Dès le mois de novembre 1993, la charmille a été sévèrement rabaissée de 2 m environ, laissant subsister des troncs d'une hauteur de 4 m et rabattue sur les côtés sur toute sa longueur, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.

Il a été jugé imprudent de réduire la charmille à sa taille d'origine (environ 2,80 m) à cause de la grosseur excessive des troncs.

Allégée du poids excessif exercé par les branches supérieures, et ouverte à la lumière du ciel, la charmille a vigoureusement repoussé au cours de la saison de végétation 1994. Les lacunes entre des troncs ont été comblées par la plantation de nouveaux spécimens (hauteur: environ 1,80 m).

Mesures d'entretien

Les nouvelles pousses ont été taillées aux ciseaux (à la main) en août 1994, afin de favoriser une division régulière et équilibrée le plus près possible du tronc.

La restitution des bosquets

Note historique

La présence de deux bosquets ayant pour centre deux cabinets de verdure avec des volières octogonales en fer forgé en forme de petits « temples » (avec des fontaines au milieu) est attestée par des lettres des archives de la famille d'Ansembourg et par une description détaillée dans les « Voyages curieux et utiles » (manuscrit à la Bibliothèque Nationale de Luxembourg) de Pierre-Alexandre-Cyprien Merjai (1801). En revanche, aucun plan du jardin de l'époque ne subsiste.

Au XIXe siècle l'espace occupé par les bosquets fut transformé en verger, reprenant ainsi les mêmes proportions.

Etat du verger avant 1994

A l'exception de 10 arbres fruitiers (pommiers, pruniers) en très mauvais état, plantés vers 1900, le verger subit actuellement un dépérissement naturel qui laisse une masse végétale désunie.

Le remplacement total de l'ancien verger faisait ainsi entrevoir la possibilité de rétablir les bosquets disparus depuis le XIXe siècle pour les raisons suivantes:
  • les contours extérieurs des bosquets taillés (parfaitement carrés) sont connus grâce aux trois petits escaliers d'accès. Des sondages ont permis de retrouver la largeur exacte des chemins.
  • les deux bosquets étaient esthétiquement importants pour souligner la perspective centrale vers l'escalier du buffet d'eau, pour structurer les différents espaces de cette partie du jardin (parterre de l'orangerie - allée mythologique - bosquets), pour faire contraster les parties lumineuses (parterre de l'orangerie, allée mythologique) avec les parties ombragées (bosquets).
  • chacun des deux bosquets rappelle par ses dimensions carrées la forme du parterre central à compartiments réguliers.
  • la zone des bosquets délimite à nouveau la partie du jardin du XVIIIe siècle rajoutée à celle du XVIIe siècle.

Recherches historiques et modèles

Outre le dépouillement scrupuleux de toutes les sources écrites, des sondages limités ont été effectués pour retrouver les chemins principaux. Le soubassement d'une des deux volières a pu être localisé, bien que la destruction de celles-ci n'ait pas laissé de traces des structures supérieures.
Bosquets
Plan de restitution des bosquets

Le plan de restitution des bosquets, élaboré par M. Marc Schoellen, historien des jardins diplômé (AA dépl. cons.) a repris les contours extérieurs des bosquets. Grâce à l'organisation géométrique de l'espace - l'escalier d'honneur conduisant aux bosquets servant de module à la construction des deux espaces carrés de, la terrasse supérieure - le plan respecte les principes essentiels des bosquets du XVIIIe siècle: variété et complexité à l'intérieur; régularité à l'extérieur.
Bosquets
Tracé régulateur des bosquets

Une représentation des bosquets du jardin de Seraing près de Liège (ayant appartenu au prince-évèque de Liège, François-Charles de Velbruck, beau-frère du comte Lambert-Joseph d'Ansembourg, le créateur des jardins d'Ansembourg), ainsi que les plans des bosquets encore actuellement entretenus à Freÿr près de Dinant, ont servi d'inspiration pour le dessin des deux croix de Saint-André qui fonnent, aux deux bouts de l'allée principale qui sépare les deux bosquets, deux pattes-d'oie.

L'espace autrefois accupé par les volières a été laissé libre et encadré par deux cabinets de verdure octogonaux.

Travaux de plantation

Après la mise en place des repères du plan sur le terrain, les tranchées de plantation ont été ouvertes de décembre à février 1993/1994. A partir du mois de février 1994, environ deux mille quatre cent cinquante plants de charmes ont été repiqués. Les charmes ont été gracieusement offert par Monsieur le Comte Gaston d’Ansembourg, ils proviennent du domaine comtal à Mohimont près d'Orval en Belgique (« mohi » en wallon signifie « charme », ainsi Mohimont est le bien-nommé « Mont des charmes »).

Il faut bien noter qu'au cours des travaux, le terrain, légèrement défoncé et irrégulier à cause des racines des arbres, n'a pas été bouleversé avec des machines, afin de ne pas détruire d'éventuelles traces archéologiques importantes, le sol n'a pas été changé afin de garder les même conditions pédologiques.

Les arbres fruitiers en place ont été provisoirement gardés pour servir de matériel de greffage sur des jeunes spécimens. A cet effet, il est important de se souvenir que les jardins d’ Ansembourg contenaient au XVIIIe siècle quelques quatre cents variétés fruitières (les catalogues sont malheureusement perdus). Les vieux spécimens seront enlevés en 1996.

Travaux d'entretien

Les charmes seront nettement taillés en haie qui devraient atteindre une hauteur d'environ 2,5 m.

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