Monument classé
L'église Saint Martin |
L'église paroissiale de Septfontaines est dédiée à saint Martin (315-397), l'évêque de Tours particulièrement vénéré par les Francs. Sa fondation semble remonter au haut Moyen Age. A cette époque les terres de Septfontaines ont appartenu à l'abbaye d'Echternach avant de devenir propriété de la seigneurie locale. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, celle-ci a gardé la mainmise sur l'église en se réservant le droit de nommer les bénéficiaires de la cure.
Ceux-ci résidaient souvent ailleurs et se contentaient d'encaisser les revenus. Sur place ils se faisaient représenter par des vicaires.
Vue aerienne de l'église |
L'église s'élève au coeur du village, à mi-hauteur entre l'Eisch et le château, au milieu d'un cimetière entouré d'un mur de clôture. Le clocher roman, situé au point de jonction entre le choeur et la nef, constitue sans doute la partie la plus ancienne de l'édifice. Il provient probablement d'un sanctuaire antérieur remplacé au début du 14° siècle par la construction actuelle, dont seules l'abside principale et l'absidiole méridionale ont conservé leur aspect originel.
Les armoiries peintes sur les clés de la voûte du choeur rappellent le souvenir de Thomas de Septfontaines (de gueules à la croix ancrée d'argent) et de son épouse Irmengarde de Craenendonck (d'or à trois huchets de gueules), considérés comme fondateurs de l'édifice consacré en 1317. Des restes de poutres conservés dans les murs latéraux prouvent qu'au début la nef était recouverte d'un plafond en bois.
La nef centrale |
Vers 1510, le châtelain Jean de Raville fait construire du côté nord une chapelle pour les besoins de la famille seigneuriale. Une armoire eucharistique (tabernacle) implantée dans le mur oriental se trouve aujourd'hui dans la sacristie aménagée vers le milieu du 19, siècle au niveau du rez-dechaussée. Les clés des belles voûtes à liernes et à tiercerons portent les armoiries peintes de Jean de Raville, de son épouse Marguerite de Manderscheid et de leurs ancêtres.
Les armoiries au niveau des clés de la voute |
Dans le bas-côté sud une clé indique la date de 1516, année où ont été construites les voûtes de la nef et des collatéraux. Les nervures se perdent dans les piliers démunis de chapiteaux. Ce détail technique caractérise l'architecture gothique tardive et se retrouve dans d'autres églises du Luxembourg. Les écus de la nef centrale sont ceux de Raville-Septfontaines et de Raville-Septfontaines-Daun.
Au début du 18e siècle, les murs latéraux ont été renforcés et munis de grandes ouvertures. En 1716, Henri-Hartard de Raville, évêque de Spire et bénéficiaire de Septfontaines, offrit de nouveaux vitraux. Un verre armorié authentique de cette époque est conservé dans le choeur. Les statues fixées aux murs proviennent des autels baroques supprimées dans les années soixante du 20' siècle.
Parmi les sculptures, il faut avant tout mentionner la piétà présentée dans l'absidiole sud. La mise au tombeau en pierre déposée à gauche du choeur provient de l'ermitage de Septfontaines. Elle date probablement du 17e siècle.
Une stèle représentant les chutes du Christ |
Deux monuments funéraires renvoient à la famille de Raville qui a joué un rôle considérable dans l'histoire du Luxembourg en général et dans celle de la vallée de l'Eisch en particulier. Du côté nord se trouve la pierre du chevalier Jean de Raville décédé en 1540. Le défunt est représenté en armure, les mains jointes, le casque à ses pieds. Le monument de sa sueur Marguerite, décédée en 1512, lui fait face.
Le cimetière a conservé son aspect traditionnel. Il entoure l'église et permet ainsi aux défunts de reposer auprès des reliques de saints déposés dans l'autel et d'avoir part à leurs mérites. Les tombes sont délimitées par des bordures de buis et marquées par de petites croix en pierre qui expriment l'espérance de la résurrection.
Scultures en pierre représentant la mise au tombeau |
Le mur de clôture, plusieurs fois reconstruit au cours des siècles, sépare l'enclos sacré du domaine profane. Les stèles monumentales représentant les chutes du Christ bordaient le chemin menant de Leesbach à l'ermitage et à la chapelle St-Michel disparus. Elles remontent à l'année 1737 et sont dues à deux sculpteurs originaires du Tyrol, Jean-Grégoire (Georges) et Matthias Beyser. Elles conservent de nombreuses traces de leur polychromie baroque.
Des fragments de croix trouvés dans les tombes ou dans la maçonnerie sont présentés tout autour du cimetière. A l'angle sud-ouest subsiste un mur de l'ossuaire où l'on conservait les os des défunts.
La signification des figures humaines implantées dans les façades de l'église n'est pas claire. Elles signalaient que le sanctuaire était un lieu d'asile où elles avaient une fonction apotropéenne, c.-à-d. elles devaient repousser les forces du mal.
L'église et le cimetière de Septfontaines (monument classé 28.12.1961) constituent un ensemble monumental exceptionnel où se reflètent les croyances et les traditions qui ont marqué l'Occident pendant des siècles.