Le château de Vianden illustre bien cette conception de la protection du patrimoine qui restaure et reconstruit uniquement lorsque cela constitue le meilleur, voire le seul moyen de sauver l'édifice et, deuxième condition à remplir, lorsque les connaissances historiques et architecturales sont suffisantes pour garantir l'authenticité historique du monument à restaurer.
Gravure du château de Vianden éditée en 1643 dans le recueil "Topographia Alsatiae" de Mathias Merian |
Dans le cas de Vianden par exemple, la position et les dimensions des toits ainsi que l'arrangement et la disposition des charpentes sont connus grâce à une gravure de Merian de 1643 et aux levés réalisés par l'ingénieur militaire Candau en 1691. L'exactitude de ces levés est confirmée par les empreintes que la charpente ancienne avait laissées dans le crépissage de la partie du pignon nord qui restait encore debout en 1975.
Coupe transversale du pignon nord dressé en 1691 par Candau |
Dans ces conditions, la reconstruction des toits sous leur forme gothique a été possible sans qu'il y ait eu trop de concessions à faire à l'authenticité historique de l'édifice. En 1982, après cinq ans de travail, cette première étape est achevée. Ainsi après 160 ans de déclin, la réfection des toitures a permis au château de Vianden de retrouver à nouveau sa silhouette du Moyen Âge.
Coupe transversale des ruines du pignon nord |
Durant les travaux, il y a eu également des critiques formulées à l'égard de la restauration et notamment contre la reconstruction des toitures. Certains voulaient garder le château en ruine parce que cela leur semblait l'état idéal d'un château du Moyen Âge. D'après ces critiques, le côté romantique et mélancolique que dégage la symbiose entre la bâti et la nature est préférable à une reconstruction à l'identique.
Une telle position ne pouvait être partagée par les responsables de l'époque car elle allait à l'encontre de ce qu'ils estimaient être leur mission primaire à savoir la protection durable du patrimoine architectural du pays.